Éducation thérapeutique du patient quézako ? Partie 1

Actuellement je suis une formation de 6 jours sur l’éducation thérapeutique du patient (ETP). Le we dernier c’était la 2ème session et j’ai décidé de vous faire un retour dessus. Cet article va donc être un peu technique et axé sur l’éducation thérapeutique du patient par les kinés mais je pense que cela peut intéresser tous ceux qui sont en relation avec des humains (une majorité de gens donc).

La formation en éducation thérapeutique du patient est organisée par l’Institut National de Kinésithérapie avec Gaëlle Bouric et Dominique Delplanque, deux formateurs connus et reconnus dans le monde la kiné et exceptionnellement financée par l’URPS Poitou-Charentes (a priori ce ne sera pas repris par l’URPS Grande Aquitaine 🙁 )

1. Les modèles d’apprentissage (en éducation… thérapeutique ou non !)

« Tu me dis, j’oublie. Tu m’apprends, je me souviens. Tu m’impliques, j’apprends ». B.Franklin.

Le modèle transmissif

Le modèle transmissif est celui que les kinés utilisent systématiquement pour donner les conseils que le patient doit appliquer.
– Ex : le patient vient d’être opéré pour une prothèse de hanche par voie postérieure. Les mouvements luxants à éviter sont l’adduction, la rotation externe et l’hyperflexion. Le kiné dans un modèle transmissif va dire à son patient : – « Alors M.X pour votre hanche vous ne devez pas croiser les jambes ni tourner la pointe du pied vers l’intérieur ni plier votre hanche ». Le vocabulaire est adapté mais le patient ne s’approprie pas l’information, elle est juste délivrée.

Le modèle béhavioriste

Le modèle béhavioriste consiste à encourager ou non un comportement en utilisant les renforcements positifs ou négatifs.
Exemple : le patient qui vient d’être opéré marche avec sa canne devant le kiné : – « c’est bien M.X pour la position de la canne, non par contre ça ne va pas pour la longueur des pas »
Ce modèle ne prend pas en compte le patient donc ses limites sont vite atteintes. Un exercice bien réalisé dans les conditions du cabinet ne sera pas reproduit de la même façon à la maison.
Les modèles transmissif et béhavioriste sont les plus utilisés par les professionnels de santé car utilisés à l’école ou en IFMK, ils sont déjà connus.

Le modèle néosocioconstructivisme (oui on prend sa respiration pour le dire !)

Le modèle néosocioconstructivisme est basé sur l’apprenant… et ça change tout. Il part du principe que tout le monde a déjà une idée sur tout. Les savoirs préexistants doivent servir de base d’apprentissage. Ce modèle consiste à aller voir les savoirs antérieurs du patient et à en tenir compte pour transmettre ce que l’on veut qu’il apprenne. Partir des croyances du patient permet de créer des situations d’apprentissage.
Ces savoirs sont faits de préjugés, croyances et représentations. Pour aider un patient à apprendre quelque chose, il est plus efficace de s’intéresser à ses préjugés, croyances et représentation pour aller avec lui d’un point A à un point B que de « gommer » les erreurs qu’il a en tête.

  • Les préjugés sont des jugements a priori. Pour les faire évoluer il faut apporter la preuve du contraire.
  • Les croyances sont d’ordre plus spirituelles. Pour les défaire il faut semer le doute.
  • Les représentations sont l’idée qu’on se fait de. Pour les faire évoluer il faut engendrer un questionnement. Ex : « à votre avis de quoi sont fait les nuages dans le ciel ? De vapeur d’eau. Vous croyez vraiment que vu la température dans le ciel l’eau reste sous forme de vapeur ? Ce ne serait pas plutôt des cristaux ? »

L’apprentissage a eu lieu quand le patient a intégré l’information, l’a assimilée et qu’il est ensuite capable d’utiliser ce savoir en fonction des conditions dans lequel il se trouve.
Ce modèle d’apprentissage est beaucoup plus difficile à mettre en place que les deux précédents puisqu’il implique que le professionnel de santé prenne le temps d’aller voir où en est son patient, qu’il comprenne sa vision des choses pour ensuite partir de là et essayer avec les référentiels du patient et non les siens de lui permettre d’intégrer l’information ou de mettre en place par lui-même le comportement adapté. L’intérêt de ce modèle est d’obtenir un changement beaucoup plus complet du comportement du patient.

Donc si vous avez suivi, pour transmettre quelque chose à quelqu’un, il faut COMMUNIQUER! Ha oui et… on fait ça comment ?

2. La communication

De la difficulté de la communication…

Une fois que l’on a intégré que communiquer c’est compliqué, la 2ème information à garder en tête ce que seulement, 20% de la communication est verbale et donc que 80% est… non verbale.


Le traitement d’une information se fait à la fois par la raison et par l’émotion donc celle-ci doit être prise en compte. L’émotion du patient est un filtre qui peut être positif ou négatif.

PS : Vu la complexité de cet article, j’ai décidé de publier la synthèse de cette session en deux fois donc la suite dimanche prochain.
D’ici là si vous aussi vous utilisez l’éducation thérapeutique du patient ou si simplement cela fait écho à des situations que vous connaissez, n’hésitez pas à me les faire partager !

 

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